Interview de Jérôme Casas, biologiste à l’université de Tours
Catégorie(s) : Actualités, Entretiens, Recherche, Vie de campus
Publié le : 3 octobre 2016
Vous avez pris depuis mars la direction d’une chaire Carnot grenobloise sur la technologie bio-inspirée. Quel est votre rôle ?
J’interviens en qualité de chercheur invité, à raison de 20 jours sur place par an, au minimum. J’accompagne des chercheurs du Leti dans plusieurs projets de recherche devant déboucher sur des démonstrateurs. Les deux premiers portent sur un nez artificiel et sur des circuits neuromorphiques capables de traiter de l’information localement.
Qu’est-ce que la biologie apporte aux microsystèmes ?
L’efficacité opérationnelle d’organismes vivants modelés par l’instinct de survie et optimisés par des millénaires de sélection naturelle. Ils sont assez perfectionnés et différents pour donner naissance à des ruptures technologiques.
J’ai dirigé par exemple un projet européen dont la référence était le système de fuite des blattes et des grillons. Il est basé sur des poils sensoriels sensibles au flux d’air dès que l’énergie est équivalente au 1/10e de photon, et sur un cerveau décentralisé connecté aux pattes arrière. En cas de danger, la blatte fuit avant même que son cerveau central ne soit alerté. C’est du traitement et du contrôle vraiment distribué !
Comment s’organise votre coopération avec les technologues ?
C’est un échange, pas un fonctionnement à sens unique. J’apporte au départ une vision système, sans découpage en sous-ensembles, car un système biologique est un tout cohérent. Puis les technologues m’interrogent pour comprendre ce système, toujours très complexe, et s’en inspirer. Nous avançons ainsi par itérations.
Contact : jerome.casas@univ-tours.fr